Eclairage Public en Algérie
Référentiel National pour une Lumière de Qualité et Ecoénergétique
Préface du Commissaire Prof. Noureddine Yassaa dans le Référentiel sur l’Eclairage Public en Algérie.
Une année pratiquement jour pour jour après la publication de son premier rapport 2020 intitulé «Transition Energétique en Algérie : Leçons, Etat des Lieux et Perspectives pour un Développement Accéléré des Energies renouvelables», le Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité Energétique (CEREFE) est de nouveau au rendez-vous avec le sujet, à travers le thème de l’éclairage public. En effet, alerté par les factures d’électricité élevées auxquelles font face les collectivités locales, dont la part de l’éclairage représente en moyenne plus de la moitié, le CEREFE s’est assigné le devoir d’analyser objectivement la situation sous tous ses angles, avant de proposer les solutions qui s’imposent.
C’est dans cette optique et au vu des premiers éléments recueillis sur le terrain, en plus de discussions franches menées sur le sujet avec de nombreux opérateurs et professionnels du secteur, que l’urgence de la disponibilité d’un document de référence ou « référentiel » dans le domaine, nous est apparue comme un préalable absolu. L’objectif attendu derrière l’élaboration d’un tel document est simple : aider à unifier au moins les connaissances de base nécessaires, pour permettre d’aborder de manière collective et avec le minimum requis de rationalité, un sujet aussi vaste que l’éclairage, dont on oublie souvent que les vrais fondements reposent sur l’interaction lumière-vision.
En effet, la modélisation de cette dernière qui n’a cessé d’être réajustée au rythme des progrès accomplis aux confins des sciences fondamentales et développements technologiques, n’a jamais été aussi bien exploitée et mise à profit dans le monde de l’éclairage, comme c’est le cas avec l’avènement assez récent des diodes électroluminescentes (LED) et la quête soutenue d’efficacité énergétique. Ainsi, chercher à tirer le maximum d’avantages liés à une utilisation massive de cette nouvelle technologie comme source de lumière, nécessite manifestement plus que des prescriptions techniques sur un cahier des charges. Ceci est notamment le cas lorsque ces spécifications sont faites sans l’appui d’un minimum d’études préliminaires et de textes réglementaires permettant de les exécuter et évaluer proprement. Dans le même contexte, un projet d’éclairage solaire avec les mêmes prescriptions de qualité et d’efficacité énergétique que celles demandées dans le cas d’utilisation du réseau électrique comme source d’alimentation, devient manifestement encore plus exigeant.
En effet, en parallèle avec l’efficacité de la source lumineuse, exclusivement à base de LED, que le concepteur doit assurer en premier, il doit également veiller à l’optimisation de toute la chaîne de production locale d’électricité solaire de jour et son stockage pour une utilisation différée la nuit. En tout état de cause, s’agissant d’éclairage public, constitué généralement de systèmes déployés en très grands nombres, il y a manifestement intérêt à explorer les moindres recoins pouvant contribuer à un quelconque gain en efficacité, dont la mutualisation peut se traduire par des économies substantielles sur la consommation électrique globale. Dans cette optique, il faut dire que la facture énergétique de l’éclairage constitue à elle seule 15 à 20 % de la production mondiale d’électricité, alors que la poussée de l’urbanisme ne cesse de demander toujours plus, notamment avec le développement croissant des activités nocturnes. L’analyse sommaire qui vient d’être présentée quant aux vrais enjeux visés par l’efficacité énergétique telle qu’elle est universellement perçue dans le domaine de l’éclairage public, solaire compris, laisse en effet très peu de place à l’improvisation dans le domaine. En effet, la stratégie d’éclairage visant des économies de l’ordre de 60 à 70% à l’horizon 2030, adoptée et déjà largement entamée dans un grand nombre de pays à travers une introduction massive des LED, ne peut être menée à terme localement avec de vraies chances de succès, sans un cadrage précis de la conduite des projets inscrits dans ce sens. A cet effet, nous pensons que le présent référentiel tel qu’il a été préparé par le Docteur Messaoud KHELIF, Secrétaire Général du CEREFE, constitue une plateforme très riche en enseignements utiles à tout exploitant, désirant s’attaquer à des projets d’éclairage public avec la rigueur requise. La longue expérience de l’auteur comme enseignant-chercheur dans le domaine du génie électrique, notamment appliqué aux ressources renouvelables, y apparaît en effet clairement à travers l’enchaînement très pédagogique qui caractérise le document présenté. Ainsi et malgré le contenu très dense de ce dernier, sa lecture reste agréable et largement facilitée par des illustrations très représentatives de chaque contexte technique abordé, en vue de le rendre accessible à tous. Concrètement, et compte tenu de la consistance des programmes nationaux d’éclairage public, notamment solaire, tels que ceux initiés en réponse aux instructions de Monsieur le Président de la République lors de la réunion du Conseil des Ministres du 08 Mars 2020 et réitérées le 21 Novembre dernier, ce référentiel constitue à coup sûr un bon support quant à leur exécution avec la rigueur et l’efficacité souhaités. En effet, les collectivités locales et autres maîtres d’ouvrages concernés par l’éclairage public au niveau national, disposent désormais d’une plateforme commune sur laquelle ils peuvent s’appuyer afin d’élaborer des cahiers des charges en la matière, dont les prescriptions expriment de manière claire les besoins au plus près de la demande.
Dans cette voie, la quête d’allier qualité, durabilité et efficacité énergétique, à travers des réalisations d’éclairage dignes des grands investissements consentis par les pouvoirs publics, reste l’ultime souhait qu’on puisse exprimer, pour voir ce volet contribuer efficacement à la transition énergétique que le pays s’est fixé. Nous espérons enfin que cette initiative du CEREFE, puisse se perpétuer à travers la mise à la disposition des divers opérateurs concernés par les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, d’autres guides utiles à une mise en œuvre efficace des divers programmes nationaux en la matière.
Prof. Noureddine Yassaa